Avoir le courage de ses idées

En écrivant le livre, je suis tombée sur cette citation de Marie Gouze, dite Olympe de Gouges, et j’ai eu des frissons : “La femme a le droit de monter à l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune”.

Née en 1748 à Montauban, on la marie contre son gré à 17 ans avec un homme de trente ans son aîné. Ne pouvant pas écrire sans l'accord d'un époux, Olympe désormais veuve décide de ne pas se remarier. Elle veut dédier sa vie à l’écriture et à ses idées.  

Elle est l'une des premières femmes à revendiquer l’égalité des sexes, alors que le mot féminisme n’existe même pas. Elle s'oppose à l’esclavage des noirs et à la peine de mort. Elle demande la création de maternités, la reconnaissance des enfants illégitimes, le droit au divorce et à l’union libre.

Son texte majeur est sa Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne dont la citation ci-dessus est issue.

J’ai réalisé il y a peu que je suis la première femme de ma lignée à être née sans être considérée comme une « incapable juridique » : j’ai le droit de travailler sans demander l’approbation de mon mari, d’ouvrir un compte à mon nom et de signer des chèques sans son consentement grâce à la loi du 13 juillet 1965 portant sur la réforme des régimes matrimoniaux.

A l’instar des théories qui maintiennent aujourd’hui les animaux non-humains en esclavage, cette inégalité juridique se justifie à l’époque par l’argumentaire naturaliste : “On a très bien observé que l’homme et la femme ont partout des rapports et partout des différences. (…) Cette différence qui existe dans leur être en suppose dans leurs droits et dans leurs devoirs respectifs. (…) Ce ne sont point les lois, c’est la Nature même qui a fait le lot de chacun des deux sexes », cette nature qui « ne les a fait si différents que pour les unir ». « La prééminence de l’homme est indiquée par la constitution même de son être… (…) l’obéissance de la femme est un hommage rendu au pouvoir qui la protège ».

Les connaissances de l’époque statuent sur la nécessité d’une tutelle masculine. On dit aussi qu’il est impossible pour une femme d’exercer une activité intellectuelle sous peine de gâter ses fonctions maternelles. Mais Olympe tient bon.

Ses idées lui vaudront la guillotine en 1793. Mais elle laisse en chacun.e de nous un peu de son courage et probablement aussi, un petit territoire de liberté s'érigeant comme une victoire sur les cendres de ses périls. 

Illustration : © Vanessa Vérillon