La liberté, est-ce faire ce que l’on veut ?

J’écoutais récemment un podcast du Précepteur intitulé « être sincère avec soi-même » sur l’étude d’un ouvrage de Jacques Ellul. Le sociologue fait une distinction entre la liberté prétexte et la liberté réelle. La liberté prétexte, c’est assouvir ses penchants les plus bas, se laisser aller à ses pulsions. La liberté réelle, c’est au contraire être capable de ne pas suivre ses penchants naturels.

Ainsi, la liberté n’est pas un relâchement, c’est un effort.

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La violence, ma plus grande prison

La liberté étant pour moi la plus chère des valeurs, jusqu’à l’inscrire sur mon avant-bras pour ne jamais oublier de la servir, je méditais sur l’approche d’Ellul.  Quelles sont les parties de moi-même encore prisonnières de sauvages pulsions ? Immédiatement, je pensais à mes pulsions…de violence. Celleux qui me connaissent bien seront surpris (ou pas :)). Je peux devenir un dragon. Que cette brutalité s’exprime à travers ma colère, mon agressivité ou mon impatience, elle peut prendre le dessus sur moi, sans crier garde.

Il y a quelques mois, j’adoptais un très jeune chien qui, abandonné, était destiné à l’euthanasie. Snoopy. Son énergie, ses instincts, ses sottises, sa liberté, les manifestations intenses de sa joie ou de sa sensibilité ont mis mes nerfs à rude épreuve. J’ai souvent crié. Parfois tapé. Une tape sur les fesses ou le museau, avec plus ou moins d’intensité. Souvent, j’ai senti qu’il s’agissait d’un aveu de faiblesse, plus que d’un acte justement et consciemment posé pour son bien-être.

J’ai observé dans ces moments là que ma violence n’était pas la conséquence de son mauvais comportement, mais d’un état latent déjà présent en moi. Etais-je déjà contrariée, fatiguée ou tourmentée ? Qu’importe.  Si j’avais pris le temps de réfléchir posément, j’aurais sans doute trouvé de nombreuses autres options que la brutalité. Malgré cette lucidité, j’ai mis plusieurs mois pour arriver à contrôler mes réactions.

Cette introspection sur ma propre violence, alors que je la combats dans le monde, m’a fait prendre conscience que j’avais porté de nombreux coups dans ma vie : en mots, en actes ou juste en pensées, aux gens que j’aimais. Le processus intime et insidieux de cette violence sous-jacente est le même, quel que soit la cible et l’intensité, ici ou ailleurs dans le monde, à l’intérieur ou à l’extérieur de soi.

Pourtant, comment aspirer à construire un monde en paix si nous ne l’avons pas déjà installée en nous-même ?

Ma promesse de non-violence

Alors le jour de mon anniversaire, ce 6 décembre, je me suis fait une grande promesse. J’ai décidé que plus jamais je ne porterai de coups, ni à mon chien, ni à personne. Et croyez-moi, ce n’est pas facile. Ainsi, Snoopy est devenu mon plus grand maître. Je veux qu’il me respecte pour ma justesse, pas qu’il me craigne.

En tant que défenseuse des droits des animaux non-humains, et notamment les droits inhérents à leur liberté, je fais face à cette violence quotidiennement. Celle que je vois envers les victimes. Et en retour, celle que je ressens envers les bourreaux. Et de me demander constamment si les actes et les paroles que je pose entretiennent la violence entre les humains (clivages, dénigrement, stigmatisations, culpabilisation…) ou installent la paix dans les cœurs.

Gandhi, le père de l’action non-violente éclaire souvent ma réflexion. Il définit le principe d’Ahimsa (non-violence) ainsi : « Renoncer à faire du mal à toute créature vivante, en pensée ou en acte ».  Il dit : « Un entraînement acharné est nécessaire pour atteindre un état conscient de non-violence. C’est une vie de discipline semblable à celle d’un soldat. » Il rajoute : « Le pardon et la douceur sont les qualités caractérisant ceux qui sont maîtres d’eux-même.

Ce 6 décembre 2022, j’ai donc décidé avec la plus grande détermination d’œuvrer profondément et résolument sur ces qualités. Je travaillerai dur pour tenter de devenir pleinement maîtresse de moi-même, en toutes circonstances.

Car, s’il est facile de nourrir des grands rêves de paix pour le monde, il est parfois moins facile d’œuvrer patiemment à pacifier son propre cœur…